Citoyen,1
Les sympathies des masses, retrempées par un système de terreur, se réveillent plus vives ; c’est un ressort rendu plus énergique par la compression et qui ne demande qu’à se détendre. C’est à nous de favoriser le mouvement d’expansion. Si les doctrinaires ont pu se flatter d’écraser la démocratie sans retour, c’est que la dernière catastrophe leur a permis d’arrêter la propagande.
Rétablissons-là et marchons en avant.
Car l’aristocratie est impuissante à lutter contre les républicains par les principes. Si la presse est encore une arme entre ses mains, c’est qu’elle s’en sert pour calomnier, tandis que nous, par la seule force de nos doctrines d’égalité et de fraternité, nous sommes sûrs d’entraîner les masses.
Mais il faut que notre voix parvienne jusqu’à elles.
Unissons donc nos efforts, citoyen, pour détruire le plus odieux des monopoles, le monopole des lumières. Prouvons aux prolétaires qu’ils ont droit à l’aisance avec la liberté, à l’éducation gratuite commune et égale, à l’intervention dans le gouvernement, toutes choses qui leur sont interdites.
Comme vous le voyez, citoyen, nous avons bien moins en vue un changement politique qu’une refonte sociale. L’extension des droits politiques, la réforme électorale, le suffrage universel peuvent être d’excellentes choses, mais comme moyens seulement, non comme but ; ce qui est notre but à nous, c’est la répartition égale des charges et des bénéfices de la société ; c’est l’établissement complet du règne de l’égalité. Sans cette réorganisation radicale, toutes les modifications de forme et dans le gouvernement ne seraient que mensonges, toutes les révolutions que comédie jouée au profit de quelque ambitieux.
Mais il ne suffit pas de déclarer vaguement les hommes égaux ; il ne suffit pas de combattre les calomnies des méchants, de détruire les préjugés, les habitudes de servilité soigneusement entretenues dans le peuple ; il faut convaincre les prolétaires que l’égalité est possible, qu’elle est nécessaire ; il faut les pénétrer du sentiment de leur dignité et leur montrer clairement quels sont leurs droits et leurs devoirs.
Telle doit être la direction de nos efforts ; ils ne seront efficaces qu’avec le concours de tous les républicains : nous venons faire appel à leur dévouement et leur demander une coopération active et désintéressé.
Comme il est évident que des écrits nouveaux rédigés avec une plume républicaine, dans le but que nous venons d’indiquer, seraient l’objet de perpétuelles tracasseries, quelle que fût leur modération, nous avons résolu de mettre en défaut l’acharnement de la police. Ce qui nous importe d’abord, c’est d’éclairer les masses. Or, les poursuites, l’emprisonnement, les amendes auraient bien vite brisé nos efforts, malgré tout ce que le patriotisme peut nous inspirer de persévérance.
Nous nous bornerons simplement à propager par la réimpression des fragments des meilleurs ouvrages publiés dans l’intérêt du peuple, ouvrages qui circulent librement depuis longtemps.
Nous choisirons ceux qui traient avec le plus de clarté les grandes questions d’ÉGALITÉ ET DE LIBERTÉ ; ceux qui tendent à établir comme seule base des institutions sociales le principe de la FRATERNITÉ des hommes, et comme seule garantie de leur durée la responsabilité du pouvoir.
Si les idées développées par ces divers écrits ne sont pas toujours empreintes d’actualité, autant que le pourraient désirer les esprits les plus avancés dans les questions d’avenir, on réfléchira que nous réimprimons et que l’instruction populaire est tellement en souffrance, que des vérités vieilles pour l’homme éclairé sont toutes neuves pour le prolétaire.
Les écrits que nous publierons auront 4 pages in-12, ils paraîtront irrégulièrement, de maniere à former au bout de l’année une brochure de 96 pages.
Pour 1 fr. 25c., l’on recevra 100 exemplaires à domicile.
On peut souscrire pour un nombre moindre.
Les citoyens, de Paris et des départements, qui voudront nous seconder dans cette œuvre, sont priés d’envoyer franco leurs nom et adresse très exacts, à la librairie de Rouanet, rue Verdelet, no. 6.
L.-Auguste Blanqui, Hadot-Desages
Nos publications paraîtront deux fois par mois, irrégulièrement.
La plupart des écrits ne pouvant arriver jusqu’au peuple, qui n’a pas de quoi les payer, le but particulier que nous nous sommes proposé est précisément de remédier à cet inconvénient par une distribution gratuite faite aux prolétaires. Ainsi les citoyens qui désirent nous seconder dans cette œuvre devront répandre parmi le peuple, en les donnant, les exemplaires auxquels ils auront souscrit.
Pour recevoir les imprimés à domicile, il faudra souscrire pour 20 exemplaires au mois de chaque publication, les frais de port ne nous permettant pas d’en envoyer un nombre moindre. Les citoyens qui souscriront pour moins de 20 exemplaires devront les prendre au bureau, chez Rouanet, rue Verdelet, no. 6.
Hadot-Desages, rue des Dames, 37, Batignolles
Imprimerie de L.-E. Herhan, rue Saint-Denis, 380
- Source: OI, 313-315. ↩