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Pour le drapeau rouge (26 Février 1848)

Nous ne sommes plus en 93 !1 Nous sommes en 1848 ! Le drapeau tricolore n’est pas le drapeau de la Répu­blique ; il est celui de Louis-Philippe et de la monarchie. C’est le drapeau tricolore qui présidait aux massacres de la rue Transnonain, du faubourg de Vaise, de Saint-Étienne. Il s’est baigné vingt fois dans le sang des ouvriers.

Le peuple a arboré les couleurs rouges sur les bar­ricades de 48, comme il les avait arborées sur celles de juin 1832, d’avril 1834, de mai 1839. Elles ont reçu la double consécration de la défaite et de la vic­toire. Ce sont désormais les siennes. Hier encore, elles flottaient glorieusement au front de nos édifices. Aujourd’hui la réaction les renverse ignominieuse­ment dans la boue et ose les flétrir de ses calomnies.

On dit que c’est un drapeau de sang. Il n’est rouge que du sang des martyrs qui l’ont fait étendard de la République. Sa chute est un outrage au peuple, une profanation de ses morts. Le drapeau de la garde municipale ombragera leurs tombes.

Déjà la réaction se déchaîne. On la reconnaît à ses violences. Les hommes de la faction royaliste par­courent les rues, l’insulte et la menace à la bouche, arrachant les couleurs rouges de la boutonnière des citoyens. Ouvriers ! c’est votre drapeau qui tombe. Écoutez bien ! La République ne tardera pas à le suivre.

  1. Source: MF, 135.