Si on examine quelles sont les sources de la richesse sociale, on trouve qu’elle réside exclusivement dans l’intelligence et le travail.1 C’est en effet par le travail et l’intelligence que la société vit et respire, grandit et se développe, et si ces deux forces se retiraient d’elle un seul instant, elle tomberait aussitôt en dissolution, et tous ses membres périraient comme par une soudaine catastrophe.
Mais ces deux forces ne peuvent agir qu’à la condition d’un troisième élément, inerte par lui-même, et qui sert d’instrument entre les mains des hommes d’intelligence et de travail pour entretenir la vie de la société. Cet élément, c’est le sol. Il semble donc que le sol doit appartenir également à tous les membres de la société qui, de tous leurs efforts combinés, exploiteraient les richesses qu’il recèle dans ses entrailles. Cela n’est point. Des individus se sont emparés par la ruse et la violence de cette terre commune que nous foulons de nos pieds et, s’en déclarant les possesseurs exclusifs, ils ont établi par des lois qu’elle serait à jamais leur propriété et que ce droit de propriété deviendrait la base de la constitution sociale ; c’est-à-dire qu’il dominerait tous les droits de l’humanité et qu’il pourrait au besoin les absorber tous ; que, par exemple, il serait dérogé au droit de vivre que chaque homme apporte en naissant, si ce droit, qui est le droit de tous, heurtait en quelque chose le droit de propriété du petit nombre privilégié. Puis ce droit de propriété s’est étendu du sol à d’autres instruments de travail qui s’y rattachent sans en faire partie intégrante et qu’on peut appeler du nom générique de capitaux. Or, comme le sol et les capitaux, stériles d’eux-mêmes, n’acquièrent de valeur que par le travail, mais que, d’un autre côté, ils sont ici même les matières premières que doivent mettre en œuvre les forces actives de la société, il arrive que l’immense majorité des citoyens entièrement exclus du partage se voit forcée de féconder péniblement un sol dont elle ne récolte point les produits, et d’engraisser de ses sueurs une oisive minorité qui recueille tout. Aussi les instruments ou les fruits du travail n’appartiennent [pas] aux masses qui travaillent, mais à une aristocratie usurpatrice qui consomme et qui ne produit pas. La sève des arbres est absorbée par un luxe de feuilles et de branches gourmandes, au détriment des rameaux fertiles qui s’étiolent et se flétrissent. Le miel élaboré par les abeilles est dévoré par les frelons.
Tel est notre ordre social, fondé originairement par la conquête, qui a divisé les populations en deux catégories, les vainqueurs et les vaincus, réservant aux premiers la propriété exclusive du sol et transformant les autres en un vil bétail destiné uniquement à labourer et fumer les terres de ces monstres. La conséquence logique d’une pareille organisation, c’est l’esclavage, et nous voyons que le principe de propriété construit d’après une [telle ruse] n’a pas manqué d’amener cette conséquence. En effet, le sol ne tirant sa valeur que du travail, il est arrivé que du droit de posséder le sol, les privilégiés ont conclu le droit de posséder aussi ceux qui le fertilisent, et qu’ils les ont considérés d’abord comme le complément de leur propriété matérielle, puis, en dernière analyse, comme une propriété personnelle tout à fait indépendante du sol. Toutefois le principe d’égalité, qui travaille lentement à détruire sous toutes ses formes l’exploitation de l’homme par l’homme, porta le premier coup à ce droit sacrilège de propriété, en brisant l’esclavage domestique. Il fallut alors que le privilège se réduise à posséder les hommes non plus à titre de meuble mais seulement comme un immeuble qui appartenait à la propriété et non au propriétaire, qui se transmettait avec elle et ne pouvait en être séparé. [Encore avons-nous vu le droit des propriétés] reparaître au XVe siècle dans toute sa barbarie, en rétablissant pour les nègres l’esclavage absolu, qu’on [a réussi à] maintenir comme un outrage permanent à l’humanité. Car aujourd’hui les habitants d’un territoire réputé français possèdent des hommes qui sont leurs biens au même titre qu’un cheval ou un habit, c’est-à-dire en vertu du droit de propriété.
Au reste, il n’y a pas tant de contradiction qu’il ne paraît au premier abord entre l’état social des colonies et le nôtre. Ce n’est certes pas après dix-huit siècles d’une lutte constante soutenue contre le privilège pour le principe d’égalité qu’on pourrait, au cœur même du pays qui supporte la part la plus rude de cette lutte, rétablir l’esclavage dans sa nudité brutale. Mais s’il n’existe pas de nom, il existe de fait, et le droit de propriété, pour être plus hypocrite à Paris qu’à la Martinique ou dans l’ancienne Rome, n’est ni moins insolent ni moins agresseur. Ce qui constitue la servitude, ce n’est point d’être esclave mobilier d’un homme, ou serf attaché à sa glèbe, c’est d’être entièrement dépossédé des instruments de travail et mis aussi à la merci des privilégiés qui ont usurpé et conservent par la violence la possession exclusive de ces instruments indispensables aux travailleurs. Cet accaparement est donc une spoliation permanente, et il devient clair par là que ce n’est point telle ou telle forme politique de gouvernement qui maintient les masses en état d’esclavage, mais bien l’usurpation de la propriété posée comme base fondamentale de l’ordre social. Car dès l’instant qu’une caste privilégiée se transmet héréditairement le sol et les capitaux, tous les autres citoyens, bien qu’ils ne soient pas condamnés à demeurer esclaves de tel ou tel individu, n’en tombent pas moins dans la dépendance absolue de cette caste, puisqu’il ne leur reste de liberté que dans le choix du maître qui leur fera la loi.
C’est en ce sens apparemment qu’on a dit aujourd’hui que les riches font travailler les ouvriers. Oui, sans doute, ils les font travailler comme les Romains faisaient travailler leurs esclaves, les colons font travailler leurs nègres, pour nourrir leur dévorante oisiveté des sueurs de ces ouvriers. C’est à peine si, par calcul, ils consentent à laisser à leurs victimes ce qu’il faut de pain tout juste pour qu’ils ne meurent pas, comme on jette quelques gouttes d’huile dans les rouages d’une mécanique pour empêcher que la rouille ne les mette hors de service. Il est d’ailleurs de l’intérêt des riches que les ouvriers puissent perpétuer leur misérable chair à mettre au monde les enfants d’esclaves destinés à servir un jour les enfants d’oppresseurs, afin de continuer de génération en génération ce double héritage parallèle d’opulence et de misère, de jouissances et de douleurs, qui constitue notre ordre social. Quand le prolétaire a suffisamment souffert et laisse des remplaçants pour souffrir après lui, il n’a plus d’autre service à rendre que d’aller mourir dans un hôpital, afin que son cadavre disséqué enseigne aux médecins l’art de guérir les riches.
D’où naît, je le demande, cette effroyable dégradation d’un grand peuple, sinon du principe de propriété qui confère à une aristocratie oisive la possession exclusive et héréditaire des instruments de travail qui devraient n’appartenir qu’à ceux qui s’en servent pour travailler? Les masses, au prix des labeurs les plus pénibles, obtiennent à peine de quoi vivre au jour le jour, sans avoir jamais un lendemain assuré. Car, si pour un caprice de colère ou de peur, les propriétaires viennent à leur refuser les instruments de travail, elles se trouvent immédiatement frappées dans leur existence. Et qu’importe aux privilégiés ! Ils ont les mains pleines, ils peuvent attendre. Avant qu’ils soient contraints à leur tour de recourir à l’assistance des travailleurs, la population ouvrière serait morte de faim dix fois de suite. C’est ce qu’on a pu voir, après la révolution de Juillet, lorsque par esprit de vengeance, ou par une crainte égoïste, les capitalistes ont soudainement resserré leurs capitaux, sacrifiant ainsi les bénéfices énormes qu’ils tirent des labeurs de l’ouvrier au plaisir de le priver de la faible part qu’il faut bien lui abandonner sur les fruits de ces labeurs. Nous avons vu ces féodaux du coffre-fort, retirés chacun dans son fromage de Hollande, contempler de là, avec impassibilité, les angoisses du peuple qu’ils faisaient décimer par la faim, en récompense du désintéressement avec lequel il s’était dévoué à servir leurs passions de haine et d’envie contre la noblesse et le clergé.
Des représailles pacifiques, une guerre de temporisation sont impossibles contre un ennemi qui tient en réserve de si abondantes ressources, et pour être convaincu de l’impuissance des travailleurs à lutter contre la coalition des capitaux, il n’était pas besoin de la dernière expérience qui vient d’être faite à Lyon, où soixante mille hommes ont été forcés de se plier devant la volonté de quelques centaines de fabricants qui les ont domptés par la famine. Encore est-ce un miracle que des écrivains aient seulement songé à une résistance sérieuse contre l’oppression, et qu’ils se soient ainsi attaqués en masse à leurs véritables ennemis. Il a fallu bien des misères pour que ces hommes simples aient su en pénétrer la cause réelle. Ce n’est point là en effet le cas ordinaire ; la plus grande partie des classes pauvres en sont encore à méconnaître d’où viennent leurs maux. Car le premier et le plus déplorable résultat de leur asservissement, c’est une ignorance profonde qui les rend presque toujours les instruments dociles des passions perverses des privilégiés. Comment des malheureux, éternellement courbés sous une tâche accablante, avec la perspective incertaine d’un peu de pain au bout de leurs fatigues de chaque jour, pourraient-ils cultiver leur intelligence, éclairer leur raison, et réfléchir sur les phénomènes sociaux où ils jouent un rôle passif ?
Voués à une vie de brute, et trop heureux de recevoir comme un bienfait ce qu’on daigne leur laisser des produits de leurs propres travaux, ils ne voient dans la main qui les exploite que la main qui les nourrit, et ils sont prêts, sur un signe du maître, à déchirer les hommes de dévouement qui essaient de leur montrer une destinée meilleure. Hélas ! l’humanité a toujours marché avec un bandeau sur les yeux, et ce n’est qu’à de longs intervalles qu’elle le soulève un instant, pour entrevoir et rallier la route qu’elle suit le plus souvent en aveugle. Chaque pas qu’elle fait dans la voie du progrès écrase le guide qui le lui fait franchir, et il faut qu’elle prenne d’abord pour victimes ceux dont plus tard elle doit faire ses héros. Les Gracques sont mis en pièces dans les rues de Rome par une tourbe de plébéiens ameutés à la voix des familles patriciennes. Jésus-Christ expie sur la Croix au milieu des hurlements de joie de la populace juive soulevée par les prêtres et les pharisiens. Les plus généreux défenseurs de la liberté, dans notre première révolution, sont montés sur l’échafaud par l’ingratitude et la lâcheté du peuple. Le peuple a permis à ses plus cruels ennemis de vouer leur mémoire aux malédictions, par un exécrable concert de calomnies et, aujourd’hui encore, des misérables enseignent chaque matin aux Français à cracher sur la tombe de ces martyrs.
Quel concours de circonstances ne faut-il pas pour que les masses ouvrent les yeux à la vérité et apprennent à distinguer leurs amis d’avec leurs oppresseurs !
Si elles se sont levées à Lyon avec une si imposante unanimité, c’est que l’hostilité des intérêts était manifeste, la question si nettement tranchée entre les deux camps opposés qu’il devenait impossible aux plus stu-pides de ne pas voir clairement de quelle insatiable avidité ils étaient victimes ; et c’est aussi quand ces malheureux ont essayé de résister qu’ils ont bien connu les trésors de haine et de férocité que recèle le cœur de ces marchands factieux auxquels ils sont livrés comme une proie. La population laborieuse de Lyon a été traitée comme on ferait d’une invasion de sauterelles. Tandis que des trafiquants sanguinaires reprophétisaient avec une joie sinistre la destruction et le massacre, de toute part s’apprêtait le canon, les armes, la mitraille, accouraient les soldats, les chevaux, les caissons pour l’extermination jusqu’au dernier homme et de tous ces martyrs avec lesquels elle enrichit ses ennemis. L’extermination, telle est la seule alternative qu’on lui offre avec celle de rentrer dans le devoir. Le devoir des ouvriers, c’est de se considérer comme des machines fonctionnant pour créer des jouissances aux privilégiés ; le devoir des ouvriers, c’est de mourir de misère sur les étoffes de soie qu’ils tissent pour les riches ; le devoir des ouvriers, c’est de subir le supplice d’Ugolin, c’est de voir leurs femmes et leurs enfants périr lentement, consumés par la faim, et d’expirer ensuite eux-mêmes en bénissant les successeurs de l’archevêque Roger qui, pendant ce temps, dansèrent joyeusement au son d’une voluptueuse musique en étalant dans les salons étincelants les brocarts d’or et d’argent fabriqués par leurs victimes.
Voilà les extrémités funestes où la société a été conduite par le monopole de la propriété. Comment serait-il possible d’échapper à ces désastreuses conséquences d’une loi sociale qui concentre dans un petit nombre de mains toute la fortune publique et qui [dote] une caste du droit de vie et de mort sur l’immense majorité de la population? Les organes de cette caste s’efforcent d’établir que, les propriétaires et les travailleurs ne pouvant rien isolément, c’est un égal besoin que les uns ont des autres, et que, dès lors, leurs intérêts sont communs. Sans doute, d’après la constitution actuelle des choses, il n’est que trop évident que les prolétaires ne peuvent se passer vingt-quatre heures des instruments de travail qui sont au pouvoir des privilégiés ; mais conclure de là qu’il y a entre ces deux classes communauté d’intérêts, c’est un étrange raisonnement. Nous ne voyons dans cet accouplement que l’alliance du lion avec les brebis; elles ne subsistent qu’à la condition d’une tyrannie sans borne d’une part, et d’une soumission absolue de l’autre. Or, s’il y a tendance chez le maître à alourdir sans cesse la chaîne, chez l’opprimé, il y a tendance à se débarrasser du joug. Ce n’est pas là une communauté, mais une opposition d’intérêts ; il n’existe entre les deux moitiés inégales de la société d’autre rapport que celui de la lutte, d’autre besoin que de se faire le plus de mal possible ; c’est, en un mot, la guerre organisée. Nous savons que les loups-cerviers du monopole font cette guerre avec plus de perfidie encore que de violence ; libre à eux de protester hypocritement que c’est pour le plus grand bien des brebis qu’ils leur tondent de si près la laine sur le dos. Les artificieuses paroles de concorde et de fraternité qui déguisent une soif insatiable d’exploitation peuvent tromper quelques dupes ; mais les faits ont aussi leur éloquence, beaucoup plus persuasive en définitive, et plus féconde en résultats. Les faits démontrent qu’il y a lutte et que dans cette lutte, l’une des parties doit succomber, car il ne saurait y avoir de fusion entre deux principes contraires, entre le bien et le mal. Pour connaître qui doit succomber, il n’y a qu’à voir de quel côté est la justice.
Or, personne apparemment n’imagine qu’une société, quelle qu’elle soit, puisse exister sans le travail, ni par conséquent que les propriétaires oisifs du sol puissent vivre autrement que par les travaux de ceux qui le fécondent. Mais quel besoin les travailleurs ont-ils qu’il y ait une caste fainéante, propriétaire du sol dont elle dévore les fruits sans les créer, quelle nécessité pour eux que la terre appartienne à d’autres qu’à eux-mêmes qui lui donnent toute sa valeur ? Je suppose que toute la population qui vit à la sueur de son front s’éloigne en masse de cette terre de France qui lui est si ingrate et si dure, pour émigrer dans quelque lointain pays où elle fonde une association d’hommes libres, n’ayant droit de vivre qu’en travaillant. [Verrait-on] qu’elle soit obligée de créer une aristocratie en son sein, et de la mettre en possession de tous les instruments de la richesse sociale ? Ce nouveau peuple ne pourrait-il vivre sans cela ? Et que feraient, je le demande, nos fiers seigneurs de la terre et de la finance, abandonnés tout à coup avec leurs maisons, leurs vastes champs, leurs équipages ? Ils mourraient de faim au milieu de tout ce luxe, à moins de déserter bien vite leurs vieux salons et de mettre bas leurs beaux habits, pour se salir les mains à cultiver un coin de terre qui serait bien grand pour eux tous comme un arrondissement. Mais attendu qu’un peuple de trente-deux millions d’hommes ne se retire plus ainsi sur le Mont Aventin, supposons, par une hypothèse contraire et plus vraisemblable, que toute la caste qui se nourrit du travail du prolétaire sorte de France, n’emportant avec elle que ses bras […] Qui s’apercevra de leur absence autrement que par le bien-être et la prospérité qui se répandra dans la population laborieuse restée maîtresse du sol et débarrassée des parasites dont elle se voyait dévorée ? Car si un pays s’appauvrit de la perte d’un seul travailleur, il s’enrichit de la perte d’un oisif: lorsqu’un homme qui n’a que de la richesse vient à mourir, il n’y a rien de perdu. Bien au contraire, s’il n’y a pas d’héritier pour le continuer et que les biens retournent à l’État, la mort est un bienfait.
C’est facile aujourd’hui de s’apercevoir que le principe de propriété est sur son déclin. Les meilleurs esprits prophétisent sa chute prochaine, en même temps qu’ils l’appellent de tous leurs vœux. La décadence date de l’avènement du Christ qui a introduit dans la société européenne le principe mortellement destructeur du droit de propriété, je veux dire le principe d’égalité, qui depuis dix-huit siècles envahit chaque jour davantage le terrain de son ennemi. Dans cette lutte si longue, le droit de propriété s’est affaibli par l’abolition successive de tous les privilèges déjà [acquis] dont il était l’origine commune et qui faisaient sa force. Il finira par disparaître entièrement avec les derniers privilèges qui tiennent encore, et dans lesquels il s’est réfugié. C’est du moins ce qu’il est permis d’espérer en étudiant l’histoire du passé et en observant la marche du présent. Car si le droit de propriété était destiné à vaincre, c’est un triste avenir que celui qui s’ouvrirait devant nous. L’humanité n’est point stationnaire, elle avance ou elle recule. Or, la route en avant, c’est vers l’égalité, et si elle rétrograde, elle doit nécessairement remonter par tous les degrés du privilège jusqu’à l’esclavage personnel qui est la dernière expression du droit personnel, qui est la dernière expression du droit de propriété. Il faudrait, pour en retourner là, que la longue existence du christianisme fût comme non avenue, que l’Évangile fut effacé de la mémoire des hommes, la civilisation européenne ensevelie dans la nuit de quelque catastrophe universelle. Toutes ces choses heureusement ne sont point à prévoir et nous pouvons, sans illusion, nous persuader que les nations marchent, les Français en tête, à la conquête définitive de l’égalité absolue.
Il est bien clair d’ailleurs que par égalité absolue nous n’entendons point le partage égal du sol entre tous les membres de la société. Quelque chose d’approximatif a été essayé déjà et n’a même pas pallié le mal. Ce ne serait là qu’un extrême morcellement des propriétés qui ne changerait rien, dans le fond, au droit des propriétés lui-même. La richesse provenant toujours de la possession des instruments de travail et non du travail même, l’esprit d’individualisme demeuré dans toute sa force tendrait insensiblement à reconstruire les grandes propriétés et à rétablir promptement l’inégalité des conditions sociales. L’égalité ne doit donc se réaliser que par le régime de l’association substitué au règne de la propriété individuelle. C’est pourquoi nous voyons tous les hommes d’avenir travailler avec ardeur à dégager les éléments de cette association. Nous nous proposons d’apporter plus tard notre contingent dans cette œuvre de dévouement.
- Source: MF, 115-126. ↩