Critical assessments

Tiqqun, The Invisible Committee and The Imaginary Party

Tiqqun. This Is Not a Program, trans. Joshua David Jordan. Cambridge MA: Semiotext(e), 2011, 173-174.

[…] Since one cannot mention one’s own relation to presence, the singular modality of one’s being-in-the-world, nor that in which one is invested here and now, one inevitably draws on the same used-up tricks as one’s precedessors: entrusting to a teleology — as implacable as it is derelict –to execute the sentence that one is in fact in the process of pronouncing. The failure of Marxism, like its historical success, is absolutely tied to the classical fallback position that it justifies, because, in the end, it remains within the fold of the modern metaphysics of subjectivity. A single discussion with a Marxist is enough to understand the real reason for this faith: Marxism serves as an existential crutch for many people who are scared that their world may not in fact be so self-evident. In the name of materialism, Marxism lets us smuggle in, draped in the robes of the noblest dogmatism, the most vulgar of metaphysics. There is no doubt that without the practical, vital contribution of Blanquism, Marxism alone would have been incapable of the October “Revolution”. […]

The Invisible Committee. The Coming Insurrection. Cambridge MA: Semiotext(e), 2009, 57-58.

[…] The armed forces don’t simply adapt themselves to the metropolis, they produce it. Thus, since the battle of Nablus, Israeli soldiers have become interior designers. Forced by Palestinian guerrillas to abandon the streets, which had become too dangerous, they learned to advance vertically and horizontally into the heart of the urban achitecture, poking holes in walls and ceilings in order to move through them. An officer in the Israel Defense Forces, and a graduate in philosophy, explains: ‘the enemy interprets space in a traditional, classical manner, and I do not want to obey this interpretation and fall into his traps. … I want to surprise him! This is the essence of war. I need to win … This is why we opted for the methodology of moving through walls … Like a worm that eats its way forward.’ Urban space is more than just the theatre of confrontation, it is also the means. This echoes the advice of Blanqui who recommended (in this case for the party of insurrection) that the future insurgents of Paris take over the houses on the barricaded streets to protect their positions, that they should bore holes in the walls to allow passage between houses, break down the ground floor stairwells and poke holes in the ceilings to defend themselves against potential attackers, rip out the doors and use them to barricade the windows, and turn each floor into a gun turret. […]

Quelques agents du Parti imaginaire. ‘A un ami’, in Maintenant, il faut des armes, ed. Dominique Le Nuz. Paris: La Fabrique, 2006, 17-18, 25-26.

[…] Les partisans de l’attente ont toujours conçu l’adjectif « blanquiste » comme une insulte sans appel. Les plus purs d’entre les anarchistes le tiennent pour un synonyme de « jacobin », tandis que les staliniens l’emploient, eux, comme équivalent d’« anarchiste ». Les imbéciles cultivés de l’Encyclopédie des Nuisances, qui ont depuis vingt ans le courage lucide de parier sans relâche sur la contre-révolution, ont parlé du « blanquisme imaginaire » de Unabomber pour mieux se dissocier de ses gestes, et introduire ainsi leur traduction grossièrement falsifiée de son Manifeste. Pour les marxistes, « blanquiste » est plutôt synonyme de « putschiste » et voudrait dénoncer un aventurisme d’avant-garde, une hâte de s’organiser peu soucieuse de théorie alors que les masses ne sont toujours pas prêtes. Toute cette confusion de surface n’a aucun intérêt. « Allons ! de la patience, toujours ! de la résignation, jamais ! », telle est la façon blanquiste. L’alternative n’est pas entre l’attente et l’activisme, entre participer aux « mouvements sociaux » et former une avant-garde armée, elle est entre se résigner et s’organiser. Une force peut croître de façon sous-jacente, selon son rythme propre, et fondre sur l’époque au moment opportun. […]

[…] Tous les textes de Blanqui sont des textes circonstanciés. Ils sont chargés des conditions dans lesquelles et contre lesquelles ils sont écrits. Il n’y a pas jusqu’à L’Éternité par les astres qui ne porte la mention du Fort du Taureau. D’où l’inexistence de l’œuvre de Blanqui, au sens de ce qui recueille en soi le tout d’un trésor. D’où l’absence aussi d’une doctrine blanquiste, comme il y a une métaphysique marxiste. « Un peu de passion, et les doctrines plus tard ! » Ce qu’il y a, en revanche, c’est un style blanquiste. « Les révolutions veulent des hommes qui aient foi en elles. Douter de leur triomphe, c’est déjà les trahir. C’est par la logique et l’audace qu’on les réalise et qu’on les sauve. Si vous en manquez, vos ennemis en auront pour vous ; ils ne verront qu’une chose dans vos faiblesses : la mesure de leurs forces. Et leur courage se relèvera en raison directe de votre timidité. » Tout est là. Blanqui est l’inventeur du « Ni Dieu ni maître », c’est l’homme qui a écrit « l’anarchie régulière est l’avenir de l’humanité » et l’auteur d’un plaidoyer contre le mutuellisme et en faveur de l’association intégrale intitulé « Le communisme, avenir de la société ». Allez chercher une orthodoxie là-dedans. Bien entendu, construire une force révolutionnaire quand il s’agit de renverser une monarchie administrative, quand il n’y a qu’une élite à abattre, peut être le fait d’une élite. Quand les armées de Bismarck marchent sur Paris, agir révolutionnairement veut peut-être dire : « confection de barricades et de tranchées ; affectation des églises aux usages nationaux, armement des prêtres et, par voie de conséquence, suppression des cultes ; enrôlement forcé ; mise en commun des subsistances et rationnement ; licenciement et dispersion des anciennes forces de police ; dénonciation des suspects et des bonapartistes » (Dommanget, Blanqui). Dans la société présente, où le pouvoir circule à même les flux de nourriture, d’information et de médicaments, où n’importe quel citoyen fait valoir ses droits au flicage de ses voisins, il va de soi qu’une force révolutionnaire doit embrasser tous les aspects de l’existence, qu’elle doit se construire comme force de ravitaillement et comme force armée, comme puissance poétique autant que médicale, qu’elle doit s’emparer de territoires. Elle doit concentrer tous les renseignements utiles sur l’organisation adverse et provoquer des désertions dans tous les rangs de la société. Elle doit se socialiser à mesure même que le social se militarise. Mais pas plus qu’hier, elle ne peut attendre. Une telle force est en cours de constitution. Si elle se penche sur Blanqui, ce n’est que pour mieux penser la guerre en cours. […]